Disons que j’aime bien que les trucs fonctionnent pour ce pour quoi ils sont faits.
Le travail sur soi, c’est avoir envie que notre esprit puisse fonctionner au meilleur de lui-même.
J’aime bien qu’une voiture roule convenablement, j’aime bien qu’un corps fonctionne en bonne santé, j’aime bien qu’un ordinateur ne rame pas, j’aime bien qu’un canapé me permette de me sentir confortable, j’aime bien qu’une ampoule fasse de la lumière, j’aime bien qu’un téléphone ait un micro qui fonctionne bien pour pouvoir téléphoner. Bref : j’aime quand ça marche, j’aime quand ça fonctionne. J’aime quand un objet remplit sa fonction première. C’est même plus « qu’aimer », je vis très mal quand c’est pas le cas. Je n’aime pas garder des trucs qui ne fonctionnent pas chez moi et quand mon ordi rame, c’est tout plein de tensions qui se mettent dans ma tête.
Repérer les pannes dans son esprit
C’est pareil pour mon esprit. J’aime bien qu’il fonctionne bien, qu’il fasse ce qu’il est censé faire.
Au même titre que si ta voiture ne fonctionne pas, il faudra trouver la panne et la réparer, au même titre que si ton ordinateur rame de fou, il faudra trouver d’où ça vient et essayer au mieux de réparer ou faire réparer, l’esprit me semble pareil : si ça marche pas dingue, si on se rend compte qu’on a un peu de mal à faire ce qu’on veut faire, il faut savoir d’où la panne provient et y apporter les réparations nécessaires. Autrement dit, enclencher un travail sur soi.
Travailler sur soi pour éviter le « ha bah c’est comme ça hein »
Je ne « travaille » pas sur moi pour le simple plaisir de me regarder, c’est parce que j’aime bien quand je fonctionne comment je suis censée fonctionner. Je ne me dis pas « tiens, telle personne a potentiellement tel ou tel souci et devrait travailler sur ce sujet » pour le simple plaisir de me dire que les autres sont tout aussi cassés que moi, c’est que j’imagine que eux aussi gagneraient à faire le bon diagnostic pour avoir la bonne réparation. C’est parce que si je veux que ma voiture avance et m’amène là où je veux aller, il faut bien que je vois ce qu’il fait qu’elle galère. Si on m’annonce une maladie, j’ai déjà un diagnostic et je vais pouvoir agir dessus, je peux juste pas me dire « ha ben voilà c’est comme ça, pas de bol ». Enfin si, je pourrai me le dire, c’est un parti pris, ce n’est juste pas le mien (j’ai essayé pourtant).
Alors, c’est chouette, j’ai plus ou moins toujours pensé comme ça, j’ai enclenché un travail sur moi il y a une vingtaine d’années, étape par étape parce que j’avais vraiment besoin de voir qu’il était possible de s’en sortir, que je n’étais pas vouée à vivre une vie à côté de la plaque, à vivre une vie qui ne me ressemble pas. En manque de repères sains, j’ai enclenché le travail que j’aurai voulu que d’autres fassent avant moi afin d’apprendre à vivre véritablement en tant qu’humain et pas en tant que robot pré-programmé.
Mais il y a quelques risques à cette façon de pensée.
Les pièges d’une dépendance au travail sur soi
Aucun extrême n’est vraiment bon de toute façon. Ceux qui refusent tout net l’idée même d’un « travail sur soi » arrêtent assez rapidement d’apprendre dans leur vie et stagnent sur plein d’aspects, vont donc à l’encontre de la vie elle-même qui est changement et mouvement. Et ceux qui sont avides de travail sur soi, voire accros, peuvent vivre quelques pièges que nous allons voir.
Croire que tout le monde a le même fonctionnement optimal en tout temps
Toutes les voitures ne sont pas des Audi. Si t’es une 206, autant être une 206 qui marche super bien, et plutôt en forme. Ce n’est pas de faire croire que t’as jamais de panne, c’est du déni (un de mes sujets favoris, car je suis particulièrement forte là dessus aussi), ce n’est pas de booster ta 206 au point qu’elle a perdu son essence (!) de 206, sans pour autant être devenue une Audi d’ailleurs. C’est d’être une 206 DANS SON ESSENCE, avec SES VALEURS DE 206. Idem pour l’Audi, qu’elle soit l’Audi qu’elle est, dans ses valeurs d’Audi ! C’est là où tout ce que nous sommes fleurit, dans toute sa diversité.
Exemple relativement superficiel mais qui compte pour moi : mes cheveux. Mes cheveux ça a toujours été une grosse galère. Ils ne poussaient pas, étaient vraiment pas jolis à regarder, je savais jamais quoi en faire, au point plusieurs fois de penser à les raser totalement pour ne plus avoir à voir ce relatif échec. Je m’en occupais comme s’ils étaient des longs cheveux raides. Je les ai aussi beaucoup coloré. Tellement que je ne savais même plus quel était leur nature, leur essence. Un jour, sur Youtube, j’ai appris que j’avais des cheveux « curly », frisés ou en tout cas ondulés et qu’il fallait que j’en prenne soin en tant que cheveux ondulés qui ont des besoins particuliers, que n’importe quel shampoing ou routine capillaire n’allait pas me convenir. A partir de ce moment là, j’ai modifié tout : mes produits, ma façon de les laver, d’en prendre soin, mon quotidien de cheveux. Aujourd’hui, j’en suis particulièrement heureuse, ils ont poussé et n’ont jamais été aussi en bonne santé. D’une fille qui détestait ses cheveux je suis passé à une fille qui trouve que c’est l’un de ses atouts « physiques » actuellement. Tout ça parce que j’ai pris le temps de connaître mes cheveux et de faire ce qui était adapté pour eux, sans me faire croire que j’avais d’autres cheveux.
On revient sur l’esprit, c’est toujours pas un blog beauté.
Pour l’esprit ça me semble pareil. L’idée c’est de dire « tiens, j’ai un problème de dépendance / un trouble de l’attachement / un trouble de l’attention / un syndrome autistique / une surdouance / un traumatisme » pour le simple plaisir de le savoir et de s’y morfondre. C’est de connaître ce qui fait qu’on est nous, actuellement, et de voir comment donner les bons produits et la bonne routine beauté.
En sachant que j’ai les cheveux ondulés et pas raides, je vais savoir ce qui leur convient pour qu’ils prospèrent en tant que cheveux ondulés. De la même façon, en sachant que j’ai telle ou telle caractéristique (sans pour autant dire que c’est un défaut de fonctionnement), je vais savoir ce qui convient pour cette caractéristique ne soit pas un frein mais plutôt un tremplin pour révéler ma nature de 206 (ou d’Audi !) au top de sa forme, qui fonctionnera comme elle est censée fonctionner.
Chercher constamment des pannes là où il n’y en a pas
Parfois notre envie de nous optimiser à fond nous pousse à regarder au cure-dent le moindre fonctionnement pour essayer d’être LA MEILLEURE DES 206.
Mais en passant notre temps à garer la voiture sur le bas côté pour lui triturer le moteur, ou l’emmener au garage pour que d’autres mettent leur nez dedans, on passe justement à côté de ce pourquoi la voiture est faite : rouler. C’est comme cette analogie que l’on trouve bien souvent dans le monde du développement personnel : un bateau est fait pour naviguer, pas pour rester au port. Alors il faut faire des révisions, chez le garagiste ou au port, pour pouvoir rouler et naviguer tranquillement. Mais il faudrait éviter d’en faire un mode de vie à part entière, au détriment de ce pour quoi l’objet est fait, le faisant passer à côté de son job.
D’ailleurs on aime pas trop quand le garagiste nous trouve des pannes là où il y en avait pas, nous demande de changer le moteur de fond en comble. Avec notre propre esprit, c’est pareil.
Se connaître, connaître ses caractéristiques, ses valeurs, qui font que nous sommes nous –> Apporter le bon soin à ces caractéristiques –> Continuer d’avancer.
Cela reste bien sur, une route sans fin. Je continue d’avancer en prenant soin de telle caractéristique. Puis sur ma route, un événement vient mettre en lumière une autre caractéristique qui pour l’instant était dans mon point mort. Je m’arrête, je la prends en compte, je lui apporte ce dont elle a besoin, et je continue d’avancer.
J’ai personnellement tendance à m’arrêter, à voir les caractéristiques… puis à en avoir d’autres… et à voir comment elles sont toutes reliées entre elles… puis à anticiper quelles sont celles qui me poseront problème en fonction des différentes routes que je peux emprunter, et à vouloir les règles tout de suite maintenant, avant de continuer à avancer sur la route.
Être celle qui soulève le capot de temps en temps, mais aussi celle qui roule, plutôt que de regarder toutes les voitures me dépasser alors que la mienne fonctionne très bien, voire mieux que certaines voitures. Juste, eux, ils enlèvent les yeux de leur moteur et ils roulent. Ils soulèveront le capot si pépin il y a sur la route. En attendant, roulons avec curiosité.