« Respecter ses limites » fait partie de ses phrases qu’on dit sans même bien comprendre ce qu’on raconte (ou en tout cas c’est l’impression que j’en avais). J’ai pu le dire ou l’entendre en pensant « ouais ouais ». Phrase qui fait ainsi partie de mon « point mort » psychologique, truc qu’on voit pas et qui quand il déboule sur la gauche, on se dit « aïe, j’avais rien vu et il était là tout du long ! ».

Un article « alchimique », qui part de ma situation de départ, plutôt souffrante, pour arriver à une nouvelle version de moi, plus éclairée. Il a été écrit en deux fois, en l’espace de 2 mois. C’est marrant d’écrire des choses sur une période plus longue que simplement l’instant T, car cela permet de voir que j’ai pu évoluer, déjà, et ai commencé à intégrer tout cela.

Supporter l’insupportable

J’ai tendance à me mettre dans des situations qui ne me conviennent pas et à y rester pendant un moment. J’ai tendance à accepter ce que je n’aurai pas accepté sur le papier, parce que je ne me fais pas confiance, parce que je me dis que l’autre doit savoir bien mieux que moi, parce que je me dis que je suis bien coupable de quelque chose, parce que j’ai peur de décisions irrévocables, parce que j’ai peur des points finaux, parce que j’ai peur de fermer des portes, parce que j’ai peur d’être « pas comme il faut », parce que je fais face à mon sentiment d’inadéquation et que je me dis que j’ai ce que je mérite et que j’essaye de faire rentrer mes besoins / mes désirs / mes envies dans ce que je ne choisis pas, finissant ainsi très vite par avoir la sensation de subir les choses, mais y restant parce que je suis aussi attachée à mon statut de victime. (Est ce que ce serait pas la phrase la plus longue sur ce site ?).

Vivre dans une sensation de sacrifice perpétuel avec un sentiment lancinant de frustration. Comme pour une maison sans isolation, avoir des déperditions énergétiques fortes et me retrouver relativement vidée. Voilà, je ne suis pas isolée.

Dépendance à la souffrance

Triangle de Karpman

Plusieurs raisons à cela (dans ce qui arrive à ma conscience). Déjà, dans le triangle de Karpman, je suis majoritairement victime. Parfois bourreau, parfois sauveur. Mais disons que je « thrive » dans la victimisation, tout en sachant bien que ce n’est pas la solution. Alors je crée des bourreaux, des boucs émissaires de ce que je ne sais pas gérer / changer / transformer. Je crée les bourreaux qui me permettent de me dire que je ne réponds pas à mes besoins PARCE QUE ceci ou cela, en tout cas quelque chose d’extérieur à moi. Non, le fait est que je ne réponds pas à mes besoins, je n’ai jamais vraiment su le faire et je ne sais pas par où commencer. Les fois où j’y arrive je reviens sur mes pas, je regrette, je me juge, je culpabilise… Alors souvent j’abandonne l’idée, tout en ne supportant pas de ne pas y répondre parce que ça me vide littéralement.

Valeur martyr

Il y aussi certaines de mes valeurs : je crois que ceux qui galèrent sont ceux qui grandissent. Et j’ai besoin de « grandir », de croissance intérieure indéfinie, je ne supporte pas les choses figées, je ne supporte pas l’idée d’être la même personne que j’étais il y a 1 an. Jusque là, je suis assez d’accord avec moi et je valide cette valeur de la croissance intérieure. Mais je rajoute par dessus la croyance selon laquelle seules les fortes douleurs, difficultés, valent le coup d’être vécues, et ça crée pas mal de souffrance. Et même si c’était le cas, même si les plus grandes cassures créent les plus belles renaissances, rien ne m’oblige à rester coincée dans la souffrance, je peux toujours rebondir, m’appuyer dessus pour apprendre, grandir et voir la lumière, mais voilà, la souffrance et l’ombre, c’est ma zone de confort. J’y reviens toujours, c’est mon « chez moi », c’est là où je vis, c’est là où mes lignées vivent et je suis loyale à ma famille en étant celle qui continue de penser et de vivre dans sa chair que « la vie, c’est dur quand même ». Je suis aussi celle qui peut juger les gens qui se baladent tranquillement dans la vie, me disant qu’ils se posent pas beaucoup de questions sur eux-mêmes et qui font partie de ceux qu’ont pas vécu grand chose, qu’ont pas trop eu à creuser et à se fouler pour arriver à être encore vivants ,(juger l’autre camp souvent c’est l’envier, envier ce qu’on ne s’autorise pas). Je me sens survivante. Je crée donc des situations où je reste coincée dans la survie, car c’est ma valeur, et tout ce qui est de l’ordre de la vie elle-même, si je la vénère, me paraît toujours lointain et « pas pour moi ».

Avec ma pelle, je creuse et déterre des trésors de compréhension

Et puis il y a les souffrances extrêmes, les souffrances qui indiquent que, là, il est temps de faire bouger quelque chose, non sans après avoir ressenti profondément que cette fois-ci, je n’y arriverai pas, que là c’est trop pour moi, qu’un coup de volant sur le côté me permettrai peut être de faire « pause », d’appuyer sur pause comme dans un jeu vidéo et de reprendre, plus tard, à un autre moment, le jeu là où on l’avait laissé. Et d’une façon mystérieuse, on passe ce moment, ces quelques secondes, quelques heures, ou même ces quelques jours et on se dit qu’il est vraiment temps que quelque chose se passe, si ce n’est à l’extérieur, au moins à l’intérieur. Pour être honnête, ces jours là se déroulent souvent quand j’ai eu 4 ou 5H de sommeil par nuit pendant quelques nuits.

Je suis à ce moment là. Et c’est fou comme quelque chose de flou il y a encore quelques temps peut tout à coup être parfaitement clair : je n’ai pas de limites. J’accepte l’inacceptable. Je ne sais pas dire de vrais non, et je ne sais donc pas dire de vrai oui. Je pousse encore plus loin, au-delà de ce dont je suis capable. Je ne réponds pas à mes besoins (et exige de l’autre qu’il le fasse à ma place, sans lui dire quoi faire parce qu’il n’a qu’à deviner tout seul non mais ho) et je ne respecte pas mes limites (donc ne les fais pas respecter non plus). Je me sens ainsi globalement envahie comme si je n’avais pas de peau (les limites du corps, littéralement), à tourner à vide, sans opportunité de recharger (les besoins). Les besoins et les limites sont propres à chacun. Je connais mes besoins et je n’y réponds pas très bien, et quand mes limites sont dépassées, j’y réponds encore moins.

L’angoisse de mal faire, prenant sa source dans une mauvaise estime de soi, me fait fonctionner au radar, sans grande conviction sur mes désirs, besoins, envies. Je demande régulièrement à Google de prendre des décisions à ma place, chose qu’il ne fait pas, et ouais, les algorithmes aussi ont des limites. Et parfois il me dit quoi faire, et puis ça ne va pas beaucoup mieux.
J’ai été éduquée pour vivre dans la tête de l’autre. Je suis fascinée par la psychologie d’autrui parce que c’est là où j’ai passé beaucoup de temps. Je suis en quête d’amour de l’autre en essayant de coller au maximum à ce qui est attendu. Je suis en quête d’amour du global, de tout le monde et de personne à la fois, d’inconnus, en essayant d’être ce qui est attendu de moi, d’un point de vue social, amical, amoureux, etc. Résultat : mes limites n’existent pas puisqu’elles se façonnent en fonction de l’autre. J’en parle dans mon dernier post Instagram : je voulais plaire à tout le monde.

Ce n’est pas un processus qui se fait en une nuit. C’est long. Peut être que ça pourrait être plus court, mais mon attachement à la souffrance fait que ça rame toujours un peu.
Cela a probablement commencé il y a des années pour moi et chaque mini situation a contribué à déverrouiller les choses. Je me sens comme un oignon énorme qui enlève couche après couche en prenant bien son temps. Et plus tu t’approches du centre, plus tu chiales.

Maternité et vie à soi

Burn-out parental

Ayant vécu dans mon enfance une parentalité approximative, j’ai vite compris que la parentalité détenait quand même la clé de ce qui faisait que t’étais un adulte à peu près sain ou un adulte complètement paumé. Alors j’ai mis beaucoup, beaucoup, beaucoup de pression sur ma propre parentalité auprès de Céleste. Répondre à tous ses besoins (voire en créer en pensant qu’elle avait besoin d’un truc qu’en fait elle a pas tant besoin que ça ? Ou essayer de répondre aux besoins de mon enfant intérieur plutôt qu’aux siens, vraiment ?). Me perdre.

Mais je suis venue au bout de ce système : j’ai besoin de dormir, j’ai besoin de manger correctement, j’ai besoin d’avoir une activité physique et j’ai besoin d’avoir somme toute une hygiène correcte. J’ai besoin de temps pour moi. J’ai besoin d’avoir le temps de respirer convenablement, car mon niveau de stress est toujours très haut – les cris, les exigences incessantes, les efforts de communication -, amenant une fatigue surrénale importante.
J’ai besoin d’être une mère « suffisamment bonne » comme nous l’explique Winnicott et pas une mère trop bonne.
Répondre aux besoins d’un enfant n’est pas s’y soumettre. Et c’est là où j’ai eu du mal à faire la distinction. Comme disons-le, toute ma vie. Se soumettre aux attentes des uns et des autres, des parents, des amis, des amoureux, des patrons, tout ça pour qu’on pense du bien de moi, qu’on me regarde positivement, car ce regard là, je ne l’ai pas sur moi-même. Je ne l’avais pas sur moi-même disons plutôt. C’est comme être absente à soi et avoir besoin des yeux de l’autre pour savoir quoi penser de toi. Avoir besoin que l’autre te valide pour te dire que t’es pas si nulle.

Phase d’opposition et chakra du plexus solaire

Il est temps de parler de trucs encore plus chelou et d’intégrer ici les chakras. Passion Chakra For Ever. Qu’on y croit ou pas, ça reste une grille de lecture qui couvre assez de sujets pour nous occuper toute la vie, si on commençait à s’ennuyer.
Si la thématique de « où est ma place, je donne tout, machin machin » est en filigrane depuis un moment, disons une trentaine d’années, la phase d’opposition de Céleste a déclenché quelques trucs supplémentaires. Elle a toujours dit Non à tout depuis qu’elle sait parler (ça a dû être son premier mot) et à ce jour on ne l’a toujours pas entendu dire Oui (alors qu’elle parle très bien). Mais elle a eu une période de 2 semaines d’une opposition (ou d’affirmation disons) encore plus véhémente, avec de multiples crises. Et alors que je me rencardais auprès de Google pour savoir comment gérer ça, je comprenais davantage en quoi cela faisait partie de la construction de son identité, de son « individuation » à elle, etc. En gros, si elle mange les haricots que tu lui sers à table, elle sait pas si elle les mange parce qu’elle les veut, ou si c’est parce qu’elle obéit. Concept intéressant donc.
Mais face à tout cela et à ses conflits extrêmes, je me suis dit « et moi, je m’affirme quand ? », limite avec ce sentiment d’injustice de me dire « mais pourquoi elle, elle, a le droit de s’affirmer, de dire Non et d’être écoutée, et PAS MOI ? Pourquoi je mange ce qu’on me donne sans broncher ? ». J’ai alors évolué en miroir de sa phase d’opposition, comprenant que cette phase là, je l’ai probablement jamais eue parce qu’elle a du être vite étouffée dans l’oeuf (ou alors j’ai pas trouvé l’intérêt / l’espace pour la faire) et que cette phase doit être d’autant plus explosive qu’en face t’as quelqu’un qui est pas bien sûr de sa propre affirmation. Pour donner un cadre à sa construction psychique, il a fallu que je feinte un peu et que je fasse « comme si » moi aussi j’avais un cadre à ma construction psychique, que je fasse semblant d’avoir des limites claires, que j’accompagne avec assurance ses crises tout en faisant semblant de savoir tout à fait ce que je faisais, à mettre des règles là où j’en ai moi-même pas du tout parce que c’est comme si j’avais un panneau autour du coeur qui disait « tout est permis, servez-vous ». Et ça s’est mieux passé. Il a fallu que je comprenne que moi aussi, j’existe. Dans mon coeur, dans mon corps : j’existe. Ne plus avoir besoin que l’autre me confirme mon existence, me « reconnaisse » en tant que personne vivante et « qui a le droit de ». Mais que ce soit MOI qui le fasse. Car Céleste en avait besoin. Et moi aussi.

Ceci est relié au chakra Manipura, 3ième des chakras principaux, situé au plexus solaire. Celui de ton pouvoir personnel, de ta capacité d’action. Celui qui abrite ta force vitale. C’est un chakra qui m’intrigue énormément depuis tout le temps, c’est un chakra très faible chez moi (comme les 3 premiers chakras), et en même temps ultra puissant. Comme si un feu ardent brûlait / un potentiel d’affirmation et d’action était là, très puissant, et que je passais mon temps à le mettre sous cloche. Et un jour, la cloche se lèvera, et là, Kamea Meah.

Aujourd’hui, si elle hurle parce qu’elle veut pas que j’aille me laver les mains, au lieu d’être brinquebalante en me disant « ben oui elle a besoin de moi là tout de suite maintenant », ou en étant frustrée parce que je suis dans une tension entre réponse à mon besoin et me soumettre au sien, je vais me laver les mains et elle attend, sans culpabilité. Ne plus justifier mon sacrifice par de la « bienveillance ».

J’ai commencé alors à dire des vrais Non. Et à être sûre de moi. Pas des Non qui disent « bah si t’insiste peut être que… ». Des Non qui disent vraiment Non. Et juste ça, ça participe activement à me respecter et à porter un regard plus sympa pour moi. Car le sacrifice est une forme de maltraitance envers soi-même et notamment envers son enfant intérieur qui ne peut pas compter sur sa version adulte.

Petit aparté ambiance téléréalité car j’ai rédigé cet article en plusieurs fois : depuis le début de cette réflexion et de ce ras le bol, j’ai pu, je crois, sortir de cette période de « burn out » et prendre les décisions / avoir des comportements, qui soutiennent le respect de mes limites.

La maladie de Lyme

L’année dernière, j’ai attrapé la maladie de Lyme. Je l’ai toujours, je l’ai appris il y a seulement quelques semaines. Au-delà d’une autre loyauté (mon père l’ayant eu) et d’un système immunitaire un peu au ras des pâquerettes grâce au lifestyle du sacrifice, je pense à d’autres raisons, et je recherche ainsi le « symbole » de la maladie. Je tombe vite sur cette page, « ce qui me suce le sang », « je me dévoue pour une personne de ma famille que je ne peux pas moralement abandonner – obviously – et ça me pompe le sang ». L’auteur parle ainsi de « limer », ce qui lime, ce qui use. Je ne peux m’empêcher d’y entendre aussi « limites » (quand on dit maladie de Lyme en version français) mais également maladie de l’âme, quand on parle de maladie de Lyme en anglais.

La « phase d’opposition » version 3000 est venue en même temps que cette annonce. Comme si d’un coup, tout me disait « va vraiment falloir que tu prennes ta place dans ton centre ». Outre le fait que l’annonce de la maladie de Lyme m’a drôlement détendue par rapport à ce qu’est la vie (je suis juste heureuse que ce soit à ce jour asymptomatique et je profite de chaque jour sans paralysie), ça a aussi confirmé l’alerte que je pressentais, au niveau physique cette fois-ci.

Désirs

En ne développant pas ma capacité à dire de vrais Non, j’ai aussi éteint ma capacité à dire de vrais Oui. Quand tes Oui, tout autant que tes Non, sont mous, tu as tendance à laisser périr le désir et ainsi le plaisir qui est lié à la satisfaction de ton désir. Je ne désire pas vraiment quelque chose, je me laisse porter par les suggestions des uns et des autres, les désirs des uns et des autres sans trop vraiment savoir où se trouve le mien. De toute façon même si j’en avais une petite idée, le fait de me « trahir » en énonçant des Oui et des Non mous, en fonction de l’axe des abscisses et des ordonnés, sans consulter mon oracle personnel, fait que ça s’étiole quand même petit à petit.

Alors Céleste, je ne pourrais plus répondre à tous tes besoins. Car en m’y soumettant, je ne réponds pas aux miens. Je ne peux pas être bien avec toi si je ne suis pas bien avec moi. Je ne peux plus donner ce que je n’ai pas.
Mon job à moi est d’être des bons parents pour moi et de ne pas me servir de toi pour combler mon enfance. De toute façon, je n’y arriverai pas et ça ne te rend pas service. Alors bientôt, tu passeras du temps avec des gens que tu ne connais pas. C’est ton papa qui s’occupera de toi la nuit, car je sais que ça t’aidera à comprendre que la nuit : on dort. Dans quelques temps, encore, tu seras sevrée, je n’attendrai pas que tu me donnes l’autorisation. Car je ne suis pas une bonne mère quand mes besoins ne sont pas comblés et que je te dédie absolument tout. Car je finis par être celle qui hurle, qui crie, sur toi ou sur d’autres.
En plus, tu n’y es pour rien, je te charge de cette tâche de réparer mon enfance. Je te charge, aussi, d’être mon bourreau pour que je puisse être une victime. Je te charge de perpétuer ce que j’ai connu dans ma relation primaire : celle de nourrir l’autre à mon détriment.

S’affirmer pour se valider

Ce qui a pris naissance dans ma maternité déborde désormais sur les autres pans de ma vie.
J’ai beaucoup moins besoin du regard validant de l’autre. J’ai beaucoup plus de présence et de « plein » dans mon corps et dans mon esprit. J’ai appris aussi que les autres n’en savent pas plus que moi et sont eux-mêmes dans leur Histoire et leurs projections. Voire, ENFIN, qu’il y a une seule personne qui sait pour moi, et c’est MOI.
J’arrive à me défaire du regard de l’autre, de son approbation, de son « amour ». Je suis parfaitement OK avec le fait que l’autre ne m’aime pas. Ca m’est devenu égal. J’ai plus de vision sur ma boussole intérieure, je me fais davantage confiance car j’arrête petit à petit de me trahir.
Devenir celle sur qui je peux compter. Etre celle qui répond à mes besoins, fait respecter mes limites.

D’autant que, disons le, mettre des limites, dire des vrais non, ça ne fait pas plaisir à tout le monde, l’autre peut être mal à l’aise, voire en colère et cela appuie davantage sur le fait qu’il vaut mieux faire ce qu’on nous dit si on cherche à conserver des relations « harmonieuses » (faux). Cela m’est arrivé il y a quelques années, j’ai mis un non très ferme sur une situation et cela m’a valu la perte d’une relation familiale. Car la personne en face était, elle, dans son sacrifice, et ne comprenait pas que moi je n’en ai pas la volonté.

Il y a des limites à répondre aux besoins de l’autre

Il y a des limites à se remettre en question

Il y a des limites à la patience

Il y a des limites à tout, n’en déplaise au New Age.

J’ai pu lire sur Instagram un post énormément parlant sur ce sujet. Je l’avais mis de côté il y a des mois :

When you’re not used to being confident, confidence feels like arrogance.
When you’re used to being passive, assertiveness feels like agression.
When you’re not used to getting your needs met, prioritizing yourself feels like selfish.
Your comfort zone is not a good benchmark.

Dr. Vassilia Binensztok

Quand vous n’êtes pas habitué à avoir confiance en vous, la confiance ressemble à de l’arrogance. Quand vous avez l’habitude d’être passif, l’affirmation ressemble à de l’agression. Quand vous n’avez pas l’habitude de répondre à vos besoins, vous prioriser ressemble à de l’égoïsme. Votre zone de confort n’est pas une bonne référence.

Prendre des risques

Quand on est libéré de ce regard de l’autre, de cette validation et de cette quête d’un soi-disant amour, on est plus enclins à prendre des risques, à oser affronter certaines choses de la vie, à oser même à « prendre les choses en main ». Car quand on peut faire face au rejet, au mépris, au désamour, on peut oser être entier, on peut oser proposer, on peut oser dire et faire ce qui nous semblait infaisable. On peut prendre des responsabilités car tout ne s’écroule plus en cas d’échec.
Se contorsionner amène une forme de passivité face aux choses car agir nous met dans un état de panique : et si en faisant / disant cela, tout s’arrêtait ? Et si on me critiquait ? Et si on me jugeait ? Et si je me retrouvais seule et mal-aimée ? Des questions terrifiantes qui nous font nous figer, ou prendre la fuite. Où chaque pas que l’on fait se mesure en fonction du regard que l’autre pose dessus, jusqu’à ne même plus oser bouger le petit doigt, la validation durement gagnée pouvant s’effondrer au moindre faux pas.

Par contre, je ne pense pas que cela doit se faire sans considération pour autrui. L’idée n’est pas de passer de « je fais tout pour les autres, peu importe si j’existe pas en tant qu’individu », à « je fais tout pour moi et je m’en fous de votre vie ». Peut etre qu’il faut vivre les deux pour trouver le juste milieu. Ou encore une fois, vivre une troisième voie. Celle où l’autre a sa place, mais moi aussi. Celle ou l’adulte que je suis et l’enfant qui est en moi fonctionnent en harmonie, se respectent et se font confiance.

« I’ma do no harm but I’ma take no shit »

Un nouveau pas pour l’intimité

Le paradoxe de ce « no limit », de cette forme d’empathie non gérée, c’est la difficulté d’entrer concrètement dans l’intime, dans la réciprocité, dans le partage et dans l’ouverture. Quand tu as l’impression que tu es une plaie béante, c’est difficile de se dire « il faut que je m’ouvre à l’autre ». Tu as déjà l’impression d’être envahie, l’injonction à « l’ouverture », à l’intimité (dans son aspect lien profond), apparaît comme se donner un nouveau coup de couteau pour dégouliner. Alors dans cet aspect de « salut, il n’y a pas de peau entre toi et moi », la seule façon de se sentir un peu en sécurité, c’est de fermer. S’isoler, donner le moins possible car on a déjà l’impression qu’on nous a déjà tout volé. Comme si ta maison était sans verrou, pillée chaque jour avec ton consentement : tu t’accroches au moindre petit bibelot qui reste pour avoir la sensation qu’un truc est à toi. Alors j’ai bon espoir que cette « structuration » intérieure me permette d’entrer davantage en lien avec l’autre, car je n’aurai plus cette sensation qu’il pourra tout faire dans ma maison sans que je n’arrives à lui mettre le hola.

Faire honneur à la pulsion de vie

Alors ces deux dernières années ont mis en lumière cette propension que j’avais à être complètement à côté de moi, à être toujours dans l’autre, dans ses attentes, dans ses désirs, voire à adopter ses valeurs. A externaliser toujours les prises de décisions, à me retrouver parfois complètement larguée quand j’ai personne pour me dire quoi faire, comment, pourquoi, ou aller.
Pas mal de choses durant ces temps m’ont mis face à cela, dans différents mouvements. D’un côté la mise de côté subie ou choisie de ce qui pouvait m’influencer : les réseaux sociaux, les gens. De l’autre, être face à la nécessité de m’affirmer pour ne pas « mourir » sacrifiée sur l’autel de la soumission aux besoin de l’autre, fut-il mon enfant, ma mère, mon père, mon conjoint, mon gourou, mon patron, mon banquier, mon président. Même si c’est un bien grand mot, j’ai eu maintes fois cette sensation. Au bout de cette soumission, la maladie, et la mort, lentement et sûrement. En même temps, en se soustrayant à ses propres besoins, c’est la pulsion de vie même que l’on soustraie à soi.

Écouter mes besoin et y répondre. Connaître mes limites et les respecter : le B.A BA du sentiment de sécurité. Me sentir en sécurité : quelque chose de tout nouveau, toujours en construction actuellement mais bon sang, quel changement ! Cela peut être subtil pour certains, voire invisible, mais ma posture intérieure est tout autre. Je me prends plus au sérieux dans le sens où je méprise moins ce que je fais / qui je suis et je me donne davantage de valeur.

Cela fait partie de ces « petites choses » (plutôt grandes) qui m’aident / m’accompagnent sur le grand challenge de ma vie : être pleinement dans la vie, m’incarner dans la vie, dans le monde tel qu’il est avec la personne que je suis.