C’est suite à la lecture de l’article de Séverine Perron sur les alchimies silencieuses que j’ai eu l’envie de coucher quelques mots sur le thème d’habiter sa vie. Pour certains, habiter sa vie c’est vivre l’extraordinaire en tout sens, l’illimité de soi-même car point de valeur sans extra-ordinaire, point de valeur dans la normalité, point de valeur dans l’ordinaire. J’en parle dans cet article. Moi aussi, c’était comme ça. Et je comprends qu’on ait besoin de vivre les choses comme ça.

De l’art de s’engager

Aujourd’hui, habiter une vie, un lieu, pour moi, c’est en partie m’engager (en partie seulement, d’autres choses rentrent en compte). J’ai toujours eu tendance à vouloir me laisser le plus de choix possibles, car je ne sais pas m’engager, j’en ai peur, car l’herbe toujours plus verte ailleurs, car l’absence de contrainte me donne une illusion de liberté. Au final, dans ce vaste choix, on reste à la surface. L’absence de choix nous fait vivre que des commencements. On n’approfondit pas les mêmes choses quand on est avec quelqu’un depuis 10 ans que quand on est avec quelqu’un depuis 6 mois. Si une c**** dans le pâté se présente, on ne le vit pas de la même façon, on n’y travaille pas de la même façon, et en ce sens on n’apprend pas la même chose. C’est parce que je m’engage aujourd’hui, sur différents aspects de ma vie, que je n’ai plus ce sentiment de tourner en rond. Car je ne vivais que des commencements, dans ma vie amoureuse, dans ma vie géographique, dans ma vie professionnelle. Tout arrêter pour recommencer ailleurs. On change de partenaire, de patron, de clients, d’appartement, de région, puis au bout d’un moment, les choses ont un gout de déja vu et les mêmes problématiques se présentent. Avec le temps qui passe, même l’extraordinaire devient la routine.

En fait, je vais juste bien

J’ai depuis quelques semaines changé certaines choses de mon quotidien. Et avec le recul, j’ai pu apporter un regard neuf sur ce qui, jusqu’ici avait été « ma vie » et ma façon de la concevoir, de la vivre.
Plein de choses du coup se réarrangent. Et mes valeurs, réelles, les miennes, (pas celles que l’on me donne, qu’on projette sur moi et qu’on essaye de m’apprendre, ou qu’on m’a transmises, ou que je préfèrerai avoir, ou que je développe ou ai développé parce que ça comblait un truc), font surface. Et je me rends compte, que je les vis, déjà, ces valeurs.

En fait, je suis bien. C’est parce que c’est rare que je ne sais pas comment l’expliquer, que je sais pas vraiment quoi écrire. Je suis contente. Je ne suis pas surexcitée de la vie par enthousiasme débordant et flippant, ni au fond du trou, ni même « bof ». Je suis bien, ni plus, ni moins. Et je me rends compte, là, quand je l’écris. J’écris souvent pour dire que y’a un truc qui m’a chiffonné, ou quelque chose qui me perturbe, ou quelque chose que j’ai compris parce que je suis partie d’un endroit où ça n’allait pas. Bref, le point de départ est souvent chiant pour moi.
Mais là, les prises de conscience que j’ai, me font comprendre que je suis au bon endroit. Et il y a comme une paix dans le fait d’arrêter de lutter ou d’aller dans une direction tout en me demandant si les 30 000 autres directions possibles auraient pas été mieux.

Je suis contente. Contente de mon travail qui me permet d’apporter vraiment quelque chose aux gens, tout en me demandant pas de travailler 8H par jour. Contente de pouvoir m’occuper de ma fille au quotidien et que ce soit pas des gens que je connais pas qui le fasse. Contente d’être dans un endroit où les gens sont simples. Contente d’avoir la forêt à 1 mn à pied. Contente de m’intégrer dans les réseaux familiaux du coin et de rencontrer de nouvelles personnes qui me ressemblent. Contente d’avancer sur nos démarches d’acquisition de maison. Contente d’avoir pris mes distances avec les réseaux. Contente d’avoir fait le tri dans ce que je faisais entrer dans mon coeur et ma tête. Je suis contente d’avoir le mode de vie que j’ai. Bien sûr, sur les projets actuels certains ne verront peut être pas le jour, et tout changera à un moment donné, que je le veuille ou non. Mais globalement, je vis ce « contentement », cette paix d’avoir une vie qui me ressemble, me correspond. Et de vouloir davantage l’habiter comme ceci et de continuer à l’explorer en fonction de mes valeurs. Celles qui consistent à adopter une vie simple, plus proche de notre état naturel, de laisser la société moderne et ses systèmes un peu plus loin (bien sûr, sans en partir vraiment). Retrouver l’humilité, le respect du vivant, le respect de la vie, la mienne, avec douceur.

Choisis les problèmes que tu veux avoir

Un grand sage (Mark Manson, encore ^^) a dit que nous aurons toujours des problèmes (ouais apparemment j’avais besoin de lire quelque part pour m’en rendre compte). Et que la liberté consiste à choisir les problèmes qu’on veut avoir. Et j’ai choisi les problèmes que je veux avoir. Je préfère avoir les problèmes d’une voiture que les problèmes des transports en commun. Je préfère avoir les problèmes de la campagne que les problèmes de la ville. Je préfère avoir les problèmes d’être à mon compte plutôt que les problèmes d’être salariée. Je préfère avoir les problèmes de faire du fait-maison plutôt que les problèmes des plats préparés. Je préfère avoir les problèmes d’argent que des problèmes de temps. Je préfère avoir les problèmes d’une maison dans la nature, que les problèmes d’un appart en ville. Je préfère avoir les problèmes d’un petit chez soi que les problèmes d’un temps plein pour soutenir un grand chez soi. Je préfère avoir les problèmes d’une petite garde robe plutôt que d’avoir la sensation de ne pas savoir quoi mettre quand mes placards sont pleins.

C’est comme si tout mon mode de vie s’était emboîtée pour m’apporter entière satisfaction désormais. Et que je voulais continuer dans ce sens là.

J’apprends à aimer

J’apprends à aimer ma vie. A m’aimer comme je suis. A aimer ce.ux qui m’entoure et à en voir la beauté comme elle est. En tant que spectatrice et actrice à la fois. Et c’est dans cette simplicité de vie, dans cette acceptation inconditionnelle, que je la respecte. Je ne lui demande pas de changer, d’être changée. C’est moi qui ai changé par rapport à elle. Oui, désormais, je l’habite un peu mieux. Je suis présente à elle. Je suis vraiment avec elle et je cesse de lui dire à quel point elle n’est pas assez bien, pas assez belle, pas assez grandiose, pas assez stimulante ou trop fatigante. Ou qu’elle faudrait qu’elle fasse mieux pour moi, qu’elle me donne plus.
Je cesse de dire à la vie qu’elle n’est pas à ma hauteur.
Avec encore beaucoup de travail et d’efforts, mais comme dit plus haut, j’ai encore du mal à voir toute l’étendue du champ qui se présente.

« C’est l’heure des grandes vérités. Le Monde nous montre qu’il n’a pas besoin de nos ambitions et prétentions. Il a juste besoin de notre Humanité, de ce dont nous sommes capables en tant qu’êtres animés et vivants : Aimer. « 

Séverine Perron

Parfois je me demande même s’il y a autre chose à faire dans la vie que d’apprendre à aimer. J’en suis moi-même assez loin mais chaque petit pas m’ouvre à davantage de « plein ».

Peut être que c’est ça être alignée. C’est quand ta vie et tes valeurs sont en cohérence et que tu n’as donc plus rien à dire, à écrire, ou en tout cas de la façon dont je le faisais avant. Pour expliquer, justifier, faire comprendre, prouver. Tant que je vivais avec certaines valeurs tout en essayant de développer d’autres choses qui ne me correspondaient pas, je n’allais pas me rencontrer, ni rencontrer ma vie, ni l’habiter. Je me contentais d’essayer de la transformer, de lutter, d’en attendre davantage. Plutôt que de me transformer moi par rapport à elle, plutôt que de l’accepter inconditionnellement, plutôt que de lui donner plus.
Là, ma vie est habitée, comme elle est, avec plaisir.