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Une petite boutade d’entrée pour rendre compte, à nouveau, d’une prise de conscience majeure par rapport à mon fonctionnement, pas forcément optimal (encore que), sur le chemin du bonheur.

Se poser la mauvaise question

Depuis que je me pose des questions existentielles, probablement à peu près quelques mois avant mon entrée en maternelle (je blague à peine), je crois que je me pose la mauvaise question. Je me demande, comment bien vivre, comment bien faire, comment être une bonne personne, quelle est la bonne voie, quel est le bon chemin. « Comment bien faire ? »… mais comment bien faire par rapport à qui ? Par rapport à quoi ? Quelle est LA bonne solution ? LA bonne façon de faire, de vivre ? Qu’est ce que JE DOIS faire pour que ce soit la bonne chose à faire ?
Mais qui définit ça ? Qui va pouvoir définir, déterminer, que CECI est BON, et CELA est MAUVAIS pour moi ? (en termes de chemin vers davantage de bien-être, de bonheur, et de Grand Soi) ?

La réponse pour l’un n’est pas la réponse pour l’autre


Déjà il y a quelques années, je disais « Je n’écoute les conseils que des gens qui me semblent plus heureux que moi ». Ce qui, dans la théorie était sympa, mais dans la pratique, était de toute façon faux, vu que j’étais déjà influencée (en termes d’éducation, d’environnement…) par des personnes qui n’étaient justement pas vraiment très heureuses. Mais en plus, ce dont je ne me rendais pas compte, c’est que les solutions des gens que j’estimais « plus heureux » n’étaient peut être pas les bonnes solutions pour moi. Que leur chemin à eux n’est pas le mien. Que leur couleur et les leçons qu’ils apprennent pour cette vie, ne sont pas les mêmes que celles que je dois apprendre.

De la conscience de mes manques

Quand j’ai pris conscience qu’il y avait de grands manques dans mon éducation, dans ce que j’avais pu vivre / voir / entendre depuis ma petite enfance, et que si je suivais ce qui était plus ou moins tracé, j’allais probablement pas finir au top, je me suis mise en quête d’autres modèles. Que ce soient des personnes que je pouvais connaître, ou des personnes que j’idéalisais à travers les médias, j’ai essayé de transformer mes valeurs, ma façon de vivre, pour coller à ce qui me semblait mieux correspondre à là où je voulais aller. Non pas à qui j’étais, mais à qui je voulais être. Principe un peu classique du développement personnel, de visualiser qui tu veux être et de commencer à vivre selon cette personne du « futur-moi » dès maintenant. Du coup je regarde à travers les yeux de ces personnes « repères », et je m’efforce de vivre selon leur propre conception des choses. Mais là je me plante. C’est la vie des autres, c’est l’expérience de l’autre, c’est leur conception à eux, c’est leurs principes et leurs clés du bonheur A EUX, pas les miennes.

Comme une petite graine

Un moine bouddhiste est heureux dans le dépouillement, est ce que je serai aussi heureuse que lui dans cette situation ? Probablement pas, car je ne suis pas vouée à devenir moine bouddhiste, à mon grand regret. Je ferai ça la prochaine fois. Un mec fan des camions trouve son plaisir et son bonheur en étant sur les routes dans son camion, mais moi, ça me rendrai dingue. Alors pourquoi rechercher la clé du bonheur chez l’autre ? Car c’est son bonheur, pas le mien. Je le fais sans m’en rendre compte. Et je finis par reprocher à l’autre que son chemin du bonheur ne me rend pas heureuse, moi.

Je crois qu’il existe une graine de qui l’on est. Spécifiquement, de manière unique. Que la graine que chacun de nous est, a un besoin en termes de terreau, en termes de nourriture, d’ensoleillement, d’apport en eau, d’attention, de saisonnalité… En portant mon regard toujours sur l’extérieur, je ne vois pas la graine que je suis. J’apporte à ma graine, à mon Soi, à mon Moi, le mode d’emploi des autres graines. Je vais me calquer sur l’autre, sur qui il est, ce qu’il attend, ce que j’attends… et ainsi, perdre ma puissance, mon pouvoir, et perdre de vue mes réponses, si je ne les aies jamais eues, puisque ce système là (regarder à l’extérieur ce que font les autres, penser qu’ils savent mieux que moi comment vivre, répondre à leurs attentes avant tout) s’est mis en place très tôt dans ma vie. Au moment où chacun construit sa personnalité, commence à se connaître et à lire son mode d’entretien de sa graine pour, one day, laisser pousser les fleurs, j’ai décidé que ma graine était probablement un peu pourrie, et que donc il fallait que je la transforme, que je sois comme les autres graines. Mais c’est au final être une graine d’œillet au milieu de graines de calendula. Tu pousses pas pareil… Ce qui rend bien et vivant le calendula, aura pas le même effet sur toi. Parce que t’es pas un calendula, même si tu teins tes pétales en jaune.

De l’art de se sentir insuffisante

Avec ce système de vie là, le problème c’est que tu ne te sens jamais « suffisant », toujours avec un sentiment d’inadéquation. Car tu fais tout comme les autres graines, mais toi, ça ne te nourrit pas, ça ne marche pas, tu pousses pas, ça ne t’apporte pas ce que ça apporte à l’autre. Et bien sûr, c’est toi qui te remets en question, et pas le système en lui-même. Tu te dis que c’est parce que t’es un peu nulle, que tu sais pas faire, que tu es vouée à l’échec en termes de bonheur dans ta vie. Que tu n’y arriveras jamais, que tu fais tellement de choses et qu’au final t’es toujours confrontée aux mêmes problématiques.

Faire honneur à son câblage UNIQUE

Imaginez que l’on soit fait de milliards de câbles différents, qu’il y ait des milliards de milliards de combinaisons possibles et donc que chacun est UNIQUE dans son câblage. Pourquoi il y aurait UNE SEULE solution ? On n’est pas venus tous apprendre la même chose, tous vivre les mêmes choses, on n’a pas la même vocation, voie, façon de faire, talents, difficultés…
Je recherche LE chemin, et même LE BON CHEMIN. Celui qui d’une certaine façon me garantira le bonheur, pour ma vie et pour après. Non seulement c’est une pression dingue, car la vie ayant quand même une fin à un moment donné, plus j’avance et plus je me dis que bon… il serait peut être temps d’y arriver là non…. Mais en plus, ça m’éloigne de quelques outils dont j’ai désespéramment besoin, la joie, le plaisir, le désir, la gratitude, l’instant. Ainsi, plus je cherche une façon de vivre parfaite et « bonne » à l’extérieur de moi, dans le fantasme de ce/ux que j’admire, dans d’autres personnes que j’estime plus compétentes sur la question, moins j’arrive à vraiment vivre ce bonheur.

J’en parlerai plus dans un post dédié bientôt, mais j’ai arrêté ou fortement ralenti certaines des choses qui constituaient ma vie ces derniers temps (voire la moitié de ma vie) justement pour avoir ces espaces avec plus de moi, de ma propre graine, de mon propre câblage, et moins de celui des autres. Ce temps de reconnecter avec moi-même, sans que quelqu’un ne me dise même comment faire pour me connecter à ça, parce qu’il le fera forcément avec sa couleur, son expérience, etc…. est important afin de pouvoir retrouver mon propre pouvoir. Savoir ce que j’aime, ce qui me plait, là où je me sens le mieux, avec quelles personnes je suis à l’aise. Cela fait partie de mon câblage, ce « retrait », ce retrait même du développement personnel en soi qui m’a donné d’autres attentes, pensées, énergies, croyances, qui au final ne sont pas plus les miennes que celles qu’elles sont venues remplacer.

La mauvaise question… Ou pas ?

Mais en fait… Je crois que le chemin que l’on arpente est le chemin JUSTE. Me dire que je me suis posée une « mauvaise question » n’est au final pas plus vrai que de rechercher le « bon chemin ». Cette question n’était pas mauvaise, dans le sens où elle m’a permise d’être là, et de penser ça aujourd’hui. Aucune question n’est vraiment mauvaise. Elle était même probablement très juste pour moi, et surtout nécessaire. Dire qu’elle est mauvaise pourrait faire croire que je la regrette, que j’ai le sentiment d’avoir perdu mon temps. Peut-être un peu, si je reste à l’énergie de mon mental, mais avec quelque chose de plus grand, avec le recul, je sens bien que c’était parfait, en soi. Que c’était mon chemin, de faire cela pendant tant de temps, et que déconditionner ce système là pourra être aussi long (ou pas, je verrai). J’ai aussi cette fâcheuse tendance, à chaque prise de conscience, à me dire qu’avant, au final, je ne savais rien, je ne connaissais rien, et je faisais mal. Et j’en suis désolée auprès de moi. Même en arpentant le chemin des autres, même en adoptant le point de vue de l’autre, son mode de vie, ses pensées… j’étais sur mon chemin. Est ce que même « être en dehors de son chemin » est vraiment un truc qui existe ? Il peut être long, joli, désagréable, rapide, sympa, difficile… Quoiqu’il en soit, si je suis dessus, si je marche, tant que je marche, c’est que je suis sur mon chemin. Même si je m’arrête pour sentir l’odeur de la sève des arbres qui m’entourent, je suis sur mon chemin et c’est juste comme cela.

Savoir que j’ai mon propre chemin, en miroir… indique également que les autres ont aussi leur propre chemin, évidemment. Je peux avoir tendance à juger le chemin de l’autre, notamment me dire que untel ne trouvera pas son bonheur ainsi, que là c’est pas la bonne réponse, etc… Ce qui est du coup, faux, puisque je parle pour moi, et pas pour lui. Si moi je suis toujours sur mon chemin, même en me posant des questions pas optimales, les autres aussi. Si le chemin de l’un est d’explorer sa capacité à donner, de l’autre est de transmettre telles idées, d’un autre est de se perdre un peu pour mieux se retrouver, d’un autre est de s’épanouir professionnellement avant tout, d’un autre est d’explorer ce qu’est un foyer, la famille… Je n’ai pas à avoir d’opinion là dessus, c’est juste pour lui aussi.

Alors ce n’était pas une mauvaise question. C’était une question. Qui m’a donné des réponses pendant 15 ans. Et qui m’a même apporté une des réponses importantes « eh ben c’est pas comme ça en tout cas ». Qu’il n’y a pas de Il faut, je devrais, voilà c’est comme ça, ça c’est bon, ça c’est mauvais.. Il y a qui je suis, où je suis, et ce que je fais, et que tout ça, c’est suffisant. Cette « mauvaise » question n’en était pas une, car elle m’a donné de bonnes réponses pour mieux m’aimer chaque jour, mieux aimer l’autre chaque jour, mieux aimer la vie chaque jour. Telle que je suis, tels qu’ils sont, telle qu’elle est.