Alors que nous étions en groupe et que nous discutions de notre projet commun, la question de « c’est quoi, la spiritualité » s’est posée (est ce que la spiritualité a sa place dans le projet = Non). Et j’ai jamais vraiment voulu me poser la question. Ma vie actuelle et passée tourne autour de la question de la spiritualité, sans que je n’ai jamais vraiment réussi à définir quoique ce soit qui la concerne. C’est tellement ancrée en moi, que je ne sais même pas la regarder d’un oeil extérieur en me disant « mais en fait, c’est quoi, et à quoi ça sert ? ».

J’ai toujours vécu une forme de spiritualité

J’ai entendu durant la discussion « j’ai découvert la spiritualité il y a quelques années » ou « je découvre la spiritualité maintenant parce que… ». Ca m’a remise moi-même en perspective. C’est une évidence il est vrai si on y réfléchit, qu’à un moment de notre vie, on découvre la spiritualité (ou pas). Mais…. c’est comme si j’avais l’impression de ne jamais l’avoir découverte. C’est comme si elle avait toujours été là pour me permettre de survivre.
A 8 ans, la question de la réincarnation était une évidence. A 12 ans je me procurais mes premiers livres sur le bouddhisme (il y a donc plus de 20 ans !), à 15 mes premières lectures de développement personnel sur l’amour inconditionnel et à 16 je passais mon premier niveau de reiki, moment où je commence à étudier les chakras.
D’aussi loin que je me souvienne, j’ai eu une appétence pour la spiritualité, l’invisible, l’énergie. Mais, pourquoi, qu’est ce que ça signifiait pour moi ? Je crois qu’il y a la partie visible de l’iceberg, de ma petite personne. Enfance difficile, traumatisante, il fallait bien trouver quelque chose qui pouvait me faire dire « non mais il n’y a pas que ça dans la vie ». Peut être que la spiritualité a été ma réponse pour me dissocier d’une réalité incompréhensible, pour lui donner un sens plus grand. D’autre part, il y a ce à quoi je n’ai pas encore accès, réminiscences de vies antérieures, mission d’âme, que sais-je, je ne le maîtrise pas.

Et en pensant à tout cela, je commence à avoir une définition de ma spiritualité. C’est le chemin qui me permet de m’élever au-delà de ma personne et d’être en lien avec ce qui est plus grand que « moi ». J’ai toujours été sur ce chemin et il a pris différentes formes au cours de ma vie. D’abord intellectuel, avec la sagesse, la compréhension mentale, le cérébral, mais aussi l’instinctif, ce qui me parle, ce qui m’est une évidence. Comme si la compréhension intellectuelle n’était là que pour confirmer ce que je savais déjà. Et puis maintenant plus au niveau du corps, de la matière, de la nature. D’une spiritualité de survie et d’inclinaison personnelle vers les sagesses orientales, d’esprit et de coeur, je suis actuellement sur une spiritualité de corps, le mien, celui de la Terre… (et demain ?). Mais cela a toujours été la spiritualité. Toujours. Le chiffre 7 qui m’entoure beaucoup me dispose à cette vie intérieure. Il m’est difficile de définir la spiritualité pour moi, car c’est comme si tu me demandais ce qu’est la vie. La spiritualité pour moi c’est la naissance, la mort, ce qui se passe entre la naissance et la mort et ce qui se passe entre la mort et la naissance.

La spiritualité, pourquoi ?

Mais pourquoi la spiritualité ? Pourquoi au delà du moi ? Pourquoi au delà du visible ? J’ai un fort désir de me libérer du déterminisme individuel et collectif. Dit avec des mots orientaux, disons que j’ai un fort désir de me libérer du karma. C’est peut être d’ailleurs l’un des seuls vrais désirs que j’ai.


« Essentiellement, karma signifie faire évoluer la vie de la réaction compulsive à l’action consciente. »

Sadhguru


 A partir du moment où tu as une conscience spirituelle, beaucoup de choses dans ta vie deviennent une action spirituelle. Comme le politique, à partir du moment où tu développes une conscience politique, tout devient un acte politique. Typiquement, quand j’achète une maison, c’est pas (que) parce que c’est ce qu’il faut faire, on a toujours fait comme ça, ou que c’est moins cher qu’un loyer etc. C’est parce que j’ai besoin d’ancrage, de me relier à la terre et de construire une base de sécurité solide qui passe, aujourd’hui, par le fait d’être attachée à une terre. Et que ma réaction compulsive de vouloir toujours déménager à droite à gauche et de ne jamais avoir d’entrave est bien une réaction à une vie aléatoire, en manque d’attache et instable. Cette envie de ne posséder rien et de pouvoir me barrer quand bon me semble et de faire ce que je veux, quand je veux est une évolution « classique » d’une enfance instable, modélisée sur des adultes instables et immatures. Mon action consciente est de créer des racines à mon arbre. Et cela ne va pas sans inconfort. Je suis angoissée à l’idée d’être attachée à un endroit, j’ai peur et je doute, c’est l’action de mon enfant intérieur saboteur, face à une décision d’adulte, prise pour un dessein plus grand que ce que les émotions tourmentées de l’enfant l’inclineraient à faire.


C’est juste un exemple de pourquoi « je réflechis trop » : parce que je veux passer des réactions compulsives à l’action consciente. Les réactions compulsives peuvent très bien convenir à plein de gens si t’as eu l’opportunité de construire un esprit sain, tu peux compter sur une base solide pour pas trop faire n’importe quoi, mais qui sont destructrices si ça n’a pas été le cas.


Parce que globalement, comme tous les humains, tu ne vas pas vers ce qui te rend vraiment heureux mais vers ce qui t’est familier.

Alors je suis très très loin d’être dans l’action consciente et d’avoir éloigné de moi toute réaction compulsive, ce sera dans quelques dizaines de vie, mais disons que je m’y emploie dès maintenant avec des réussites et des échecs.

Merci à mon histoire pour cette vie intérieure intense

Cela fait le lien avec un tout tout petit début d’un changement qui s’opère discrètement et à son rythme par rapport à mon enfance. Je peux être colère et victime de cette période de ma vie. Je me sens souvent victime et dépossédée du coup de mon pouvoir face à cette enfance qui m’aura volée beaucoup de choses. Mais je commence à avoir ce que ça m’a donné aussi. Eh bien par exemple, ce que je dis plus haut. Une vie spirituelle et intérieure intense. Un désir de libération du déterminisme, quand d’autres vogues au gré de leurs gênes. Cela m’a donné une lecture intérieure complexe qui me donne davantage peut être de compréhension sur l’âme humaine.


C’est ma vie de parent qui m’amène à cela.
Alors que je me posais encore 1000 questions et que j’avais plein de doutes sur notre façon d’élever Céleste, mon conjoint, qui lui est beaucoup plus détendu globalement, me dit « Tu sauras jamais en fait, et ce sera pas parfait. il y a des choses qu’on fait bien qui lui donneront des défauts et des choses qu’on fait mal qui lui donneront des qualités ».

Il y a des choses qu’ont fait bien qui lui donneront des défauts, et des choses qu’on fait mal qui lui donneront des qualités.

De quoi remettre en perspective certaines choses de ma vie.  J’ai tendance à me focaliser sur ce qui ne va pas, ce qui marche pas, ce qui est « dangereux », etc. (réactions compulsives et transgénérationnelles) sans voir ce que je suis heureuse d’avoir pu développer. (C’est un peu le lot humain : le biais de négativité). Je suis heureuse d’avoir pu développer une profondeur intérieure, d’avoir la vie spirituelle que j’ai, de pouvoir vivre et voir au-delà du côté « superficiel » des choses. Je suis heureuse aussi que la boue dans laquelle le lotus se développe me donne une forme de flexibilité intellectuelle.

De l’évolution de ma pratique et des mes objectifs spirituels

Aujourd’hui ma spiritualité n’est pas la même qu’il y a quelques années. Est ce que ça veut dire que j’avais tort il y a quelques années et que j ‘ai raison aujourd’hui ? Non je ne crois pas. J’ai toujours raison d’être là où j’en suis. Aujourd’hui j’essaye de faire en sorte que ma spiritualité ait un lien avec la vraie vie.

Aujourd’hui, ma spiritualité n’est plus seulement axée sur la grande conscience mais également sur l’ancrage, sur la matière, le matériel, la vraie vie et ses contraintes. Voler si haut sans attaches en bas te rend inaccessible et assez tourné sur toi (« qu’est ce que ça m’apporte  A MOI ? Qu’est ce que je veux faire MOI ? » etc) et donne du bon pâté à l’égo, spirituel cette fois, qui croit qu’il est au dessus de tout et de tout le monde parce qu’il a lu des bouquins et vécu quelques expériences transcendantales. Jusqu’à ce qu’il se prenne un coup de béquille et que ça le ramène à sa place.


Il y a donc plusieurs mouvements, celui qui te demande d’aller vers le haut (la conscience de l’Un), et celui qui t’appelle vers le bas (et la dualité / séparation). Car dans mes pratiques spirituelles classiques, il y a(vait) un grand absent : le corps. Autant j’adore bouger, j’adore danser, autant je peux être complètement à côté de mon corps, de mes sens, du désir global et du plaisir global, avec une forme de désintérêt pour la vie humaine. Probablement en lien avec la dissociation de la réalité à travers la spiritualité dont j’ai parlé plus haut. Alors je ré-apprends le corps, la matière, les sens, à descendre ici, dans la vie avec tout le monde, avec les autres et avec moi.

C’est pour ça que j’adore travailler avec les chakras car ils sont une grille de lecture super pour couvrir tous les sujets en rapport avec le Moi et le Soi. Faiblarde sur mes 3 premiers chakras, c’est là dessus que se dirige en général mon attention. Je rajoute en outil le travail sur les polarités Yin et Yang. Outils chakra et polarité issus de la sagesse « ombrelle » du Tantra (qui ne concerne pas que ce que l’on croit ;)).