Il est temps pour moi de faire un petit bilan de cette année qui a été ma foi terriblement challengeante, pour changer ! Depuis 2020 on peut pas dire que c’est la grande éclate de toute façon mais alors là c’est du high level. Ceci dit, ce n’est pas qu’une année d’emmerdement, c’est une année qui a connu beaucoup de prises de conscience, beaucoup de changements intérieurs, mais des changements en termes de valeurs, et des avancées sur mes « défis de vie » (comprendre : les trucs qui reviennent tout le temps).

Let’s do this !

Le Burn Out de Janvier

En début d’année, j’étais très contente de moi parce que je me sentais « légère », pas trop alourdie par mes propres pensées (un des fameux « défi de vie »). Même si les circonstances extérieures pouvaient être pas toujours au top, j’arrivais à voir les choses plutot du bon côté. Le 11 Janvier, je subis une opération de « pré-cancer », et ma première anesthésie générale. L’opération se passe bien, l’anesthésie a priori aussi. 3 jours plus tard, boom, krach boursier dans mon corps, tout s’effondre. Il m’aura fallu 4 mois pour dire que j’ai fait un burn out. Cette opération aura été la goutte qui a fait déborder le vase pour mon corps qui était déjà exténué. Crises d’angoisse, de panique, vide d’énergie, je suis restée au lit pendant 1 mois avec qq sorties obligatoires (notamment le travail et ma fille) mais au prix d’angoisses supplémentaires. Devoir donner mes cours en baissant les yeux parce que voir les gens créait de la panique. Parler au ralenti, parler « moins » parce que ça me fatiguait trop. Les 2 mois qui ont suivi n’ont pas été au top et je pense m’être sortie des angoisses autour de juin / juillet (même si j’en ai fait une ou deux derrière mais « contrôlées »). Comme si je n’avais plus aucune prise sur mon corps, sur mon esprit. J’avais mal partout, aux muscles. J’ai perdu 4 kilos en 3 semaines alors même que je mangeais mes 3 repas par jour et que je restais allongée. J’étais vidée. Mes pensées partaient partout, j’ai beaucoup pleuré, beaucoup eu peur.

Un an plus tard, je ne peux pas dire m’en être sortie définitivement. Puisque rien n’est comme avant. Mon niveau d’énergie, ma capacité à réfléchir, à apprendre, à m’adapter à du « nouveau », à me projeter, tout a changé. 

Le burn-out, c’est pas un coup de mou, c’est pas une déprime, c’est pas que une depression, c’est tout à coup avoir 95 ans. Et mettre des mois, peut-etre des années, à retrouver son âge.

Ce qu’il s’est passé pour moi :

  • J’ai été confrontée à l’angoisse de la mort. Non pas juste avoir peur de la mort, mais comprendre dans mes tripes que j’allais mourir un jour, qu’un jour la lumière s’éteindra, sans crier gare. Que j’étais éphémère. I blame it on the anesthesie générale, les psychotropes, le curare et tous ces machins. Dans cette angoisse là, l’angoisse de vieillir. La perte énorme de capacité physique et psychique que j’ai subi m’ont fait comprendre qu’un jour je pourrai vivre une maladie grave. Qu’un jour je pourrais être tellement vieille que ma vie sera limitée.
  • L’angoisse de l’entrepreneure : perdre mon corps, c’est perdre ma capacité de travail, c’est perdre ma source de revenue, c’est perdre la sécurité financière.
  • L’angoisse de n’être personne si je ne fais rien : qui je suis quand je ne suis plus capable de rien ? Qu’est-ce que je vaux si je ne peux rien produire, rien créer ? A quoi sert ma vie si je ne m’agite pas dans tous les sens ?
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L’apprentissage du Repos

Il a été évident que je ne pouvais fonctionner comme avant. Que je ne pouvais pas « pousser », faire, faire, faire, projeter, réflechir, ressentir etc. en permanence et intensément sans m’octroyer des moments de calme, d’arrêt, de repos, de « rejuvenation » (je ne trouve pas de bon équivalent français), de nourishment (pareil).

RALENTIR, FAIRE MOINS. Et opter pour le REPOS PROFOND. Mon sommeil est très caractériel, ça a souvent été le cas, et l’est davantage depuis que je suis maman. Je manque cruellement d’un sommeil profond et réparateur. Alors quand je peux, essayer de trouver un état de relaxation tel qu’il me regénére. Pour ceci, à 3 semaines après le krach, faire à peine de méditation. Je dis à peine car ça m’était très compliqué. Fermer les yeux et me concentrer sur mon intériorité ou ma respiration était très angoissant et intensifiait les symptômes que j’essayais d’apaiser. C’est petit à petit devenu plus simple.

AVRIL, Le NIDRA

En Avril, je me mets à faire du Nidra. Et je tombe amoureuse de cette pratique. Enfin, j’étais bien ! Enfin je trouvais un état dans lequel je me sentais bien, à l’aise. Un état modifié de conscience certes, mais un état dans lequel je pouvais piocher du mieux-être pour ma vie de tous les jours. Un état qui m’a transformé petit à petit. Au plus fort de ma pratique, en lien avec un quotidien très allégé, je me trouvais en permanence en « repos », avec un système nerveux apaisé et régulé. J’étais calme. Évidemment le quotidien revient à un rythme plus intense, mais la pratique du Nidra continue de m’accompagner avec un grand plaisir, au moins 4 fois par semaine, tous les jours quand c’est possible.

C’est devenu un besoin. J’ai eu à faire un burn-out pour comprendre l’intérêt d’une pratique méditative. Avant j’étais de celles qui disaient « je n’y arrive pas », et c’était trop compliqué pour moi. J’étais donc de celles qui en avaient le plus besoin. Une fois que j’ai trouvé ma pratique et que je m’y suis tenue, j’ai vu les transformations, les évolutions mentales, où petit à petit mes réactions et mes sensations ont bougé, dans mon quotidien. Avec le Nidra, j’ai fait des bonds importants intérieurement. Ca me parait presque magique. Et j’encourage tout le monde à trouver une pratique de méditation qui lui convient particulièrement, que ce soit la pleine conscience, zazen, tonglen, vipasana, transcendantale, nidra… Il existe de multiples techniques et il y en a bien une qui vous conviendra et qui vous transformera.

L’art de mettre des limites

Je ne sais pas mettre de limites. Parce que j’ai été élevée pour pas en avoir et que je n’ai pas eu la chance de vivre dans un environnement qui m’a créé une enveloppe psychique saine. Je ne sais pas où je m’arrête, où les autres commencent. Je ne sais pas ce qui est normal et acceptable, et ce qui ne l’est pas. Dans ce que je donne, dans ce que je reçois et dans ce qu’on me prend / vole. Au bout d’un moment, j’apprends, je le sais, mais j’ai du mal à affirmer ces limites calmement. Il reste la programmation que j’ai qui est « qu’est ce qu’on attend de moi, comment je peux le donner, et est ce que je peux faire encore mieux ? ». Non pas qui je suis, ce que je suis capable de donner ni ce que j’ai envie de donner, mais bien partir du désir de l’autre et de ce que je sais de lui, plutot que du mien.

Les 8 dernières années, depuis à peu près le moment où j’ai commencé à comprendre ce qui n’était pas ok, mettre des limites a consisté pour moi à me mettre en colère quand elles étaient dépassées, non sans avoir été auparavant complètement déprimée de sentir que ça me chatouillait et que j’étais une pauvre victime de la situation. Le schéma est le suivant : on dépasse des limites, je ne m’en rends pas compte immédiatement, je serre les dents, puis petit à petit je sombre dans une forme d’apathie, je me vide d’énergie, je commence à me mettre en rogne, puis j’explose de colère, et je me sens mieux. Et on recommence.

Alors, évidemment, pas que. J’ai eu aussi des pertes relationnelles dans cette période car j’ai dit non, car j’ai dit stop, car j’ai mis des limites et que soit elles étaient mal venues, soit en inadéquation avec les limites de la personne en face, soit dépassées et que j’étais à l’aise avec le fait que la personne puisse disparaître de ma vie, soit je me suis rendue compte que je gardais certaines personnes dans ma vie pour de mauvaises raisons. Et c’est déjà pas mal pour la personne que je suis qui a tendance à toujours arrondir les angles, à vouloir garder contact avec tout le monde etc.

Mais j’ai pu voir ce pattern, de me sentir d’une certaine façon « abusée » émotionnellement, de rien dire, d’essayer de passer outre, de modifier mes comportements… et m’étonner après de n’avoir plus aucune énergie et d’entrer en état de symptômes dépressifs. Maintenant, je le comprends mieux. Quand je commence à être dans un état fort dépressif, c’est que je suis envahie par l’autre et que je n’arrive pas à me faire respecter, entendre. Alors j’explose, ça marche un tant, puis on revient sur le pattern originel.

Petit à petit, je comprends que c’est pas ça mettre des limites. Ce n’est pas se mettre en colère quand elles sont dépassées.

Il ne s’agit pas de contrôler le comportement des autres, mais de contrôler le mien. Dans ma parentalité, dans ma relation de couple, dans mes amitiés, etc. Je ne peux pas dire à autrui ce qu’il faut qu’il fasse ou qu’il ne fasse pas, je ne peux que leur dire que s’ils décident de faire telle ou telle chose, moi je vais faire ça. Le comprendre m’a ouvert une porte mentale que je ne connaissais pas.

Estime de soi

En fait tout ça, c’est le gros cheval de bataille de ma vie. Que ce soit le burn out, la depression, les limites, les frustrations que je peux vivre… : l’estime de soi.

L’impact principal de la façon dont j’ai grandi est la sensation d’être nulle, pas avoir de valeur, pas avoir confiance, de ne pas être capable de. C’est quelque chose qui est fort à l’intérieur de moi et qui m’entraîne dans le noir dès que je me retrouve dans des situations similaires, c’est à dire souvent vu que c’est ce qui m’est familier, et que d’une façon ou d’une autre je recrée ça pour m’y confronter, que cela puisse passer de l’ombre à la lumière.

Les autres trucs

Dans les trucs un peu plus classiques, j’ai pour la première fois de ma vie une voiture qui n’appartient qu’à moi. On a aussi 2 chats qui apportent beaucoup au foyer (Céleste nous dit que Chouquette est sa personne préférée de la famille). Une petite fille qui s’est apaisée petit à petit, le magic number étant pour nous les 5 ans. Yes, cool, enfin. Bon évidemment c’est pas une promenade de santé, mais c’est beaucoup plus plaisant ! Et puis il y a eu les avancées avec la psy, la rencontre avec l’enfant intérieur qui m’a beaucoup émue, et la réintégration de ma famille dans ma psyché intérieure, notamment mon père, plutôt qu’un rejet ou un évitement.

Une relation de couple loin d’être évidente mais dans laquelle nous nous engageons à grandir. Comprendre que la relation, quelle qu’elle soit, met pour moi en lumière de nombreux patterns, difficultés, reliées aux problématiques d’attachement (don’t worry, j’en discute avec la psy), choses qui sont mises sous le tapis les rares fois de ma vie où j’étais célibataire (ces moments où je suis super woman et où je réalise absolument tout ce que je veux) mais qui sont là en force dès que j’entre dans une relation de couple. Les relations sont ultra dures, franchement, mais en étant dedans, de manière durable et engagée, décortiquer et guérir les espaces blessés en soi.

Une année d’enseignement

2024 a été fucking hard. J’aurai jamais cru vivre ce que j’ai vécu, ressentir ce que j’ai ressenti. Cela a été intense et fin janvier 2024 je me disais juste que si je survivais à l’année au minimum vital ce serait déjà pas mal. Ca a été fait, et même au delà. Il y a encore des espaces d’insatisfactions pour moi, où je ne sais pas quoi faire, ou aller. Cette sensation que j’ai de « stagner », d’être à -1000% de mon potentiel. Mais il n’empêche que pendant ces années de plateau, je vis des ourgagans loin d’être confortables mais porteurs d’innombrables enseignements.

Pour l’année qui arrive, je souhaite gagner en estime de moi, en amour dans tous les sens du termes, dans le donner et le recevoir. De continuer à apprendre, à grandir et à guérir. Et de retrouver un bon niveau d’énergie !

Et vous, quels ont été les léçons de cette année ?