Il y a quelques semaines, j’écrivais un article sur les saisons lors du début de la maternité. J’ai pu plonger à nouveau dans l’étude de la saison Hiver, ses caractéristiques d’introspection, de temps d’attente, de patience, de gestation, de repos, de « cumul de sagesse ». J’y évoque la théorie qu’une femme, entre le début de sa grossesse et les premiers pas de son enfant, soit environ 18 mois, vit dans sa saison Hiver. Cette première année de l’enfant étant dans la droite continuité de la grossesse, la graine, devenue habitante de la Terre, continue de grandir à une vitesse folle, comme une gestation extérieure, avant de faire ses premiers pas et d’aller dans le monde.


Et c’était l’Hiver pour tout le monde ?

C’est alors que je me suis aperçue que nous vivions également cette saison d’Hiver à l’échelle mondiale depuis Mars. 2020 est une année vide et pleine à la fois, où plein de choses se passent et tournent au ralenti en même temps. La saison Hiver, en lien avec le temps des règles, est un appel à rester chez soi, emmitouflé sous sa couverture, avec une bonne tisane et un livre relaxant. 2020 me fait le même effet. Mais pas que. Parce qu’il y a la suite, l’après, qui se prépare dès maintenant sous ses faux airs de repos.
Un temps de gestation avant l’accouchement, douloureux, difficile, et nécessaire d’un nouveau système ? Je ne sais pas. Je peux simplement dire ce que je ressens. Cela ne s’arrêtera probablement pas cette année, on ne met pas au monde un nouveau paradigme en un claquement de doigts.
On ne met pas non plus au monde un nouveau paradigme en attendant que ça se fasse tout seul, à un moment, comme dans un accouchement, il faut pousser.


A dire vrai, j’avais prévu un article assez « lisse » sur le sujet. En m’arrêtant au niveau « ça va aller, faut laisser le temps se faire, patientons… », mais tout ça c’était avant l’annonce du couvre-feu, puis du confinement saison 2. Qui m’a mise en colère, m’a fait peur, m’a donné un sentiment d’injustice pour des raisons que je n’évoquerai pas.
Cela dit, ça ne m’intéresse pas de vivre dans une énergie de peur, ni de colère. Passés ces sentiments, il s’agit de les accepter, de les transformer, d’alchimiser, pour un nouveau départ. Car nous avons le droit d’avoir des émotions, c’est valide, c’est OK, c’est… attention… humain. Je n’ai pas souhaité faire un message purement spirituel du type « Love & Light », ou du genre « non mais tout va bien, vous allez voir » qui permettrait de fuir certaines émotions trop désagréables et intenses. S’il s’agit de tendre vers le positif (c’est toujours plus constructif), le déni n’est jamais bien loin. On peut dire OUI à ce que l’on ressent par rapport à la situation. De la colère, de la peur, de la tristesse, de l’incompréhension. Tout en disant NON, d’une certaine façon, à la situation elle-même. On peut être quelqu’un d’actif et dans l’acceptation à la fois.

Le papillon lutte pour sortir de son cocon

Reprenons un exemple lié à la nature. On connaît l’histoire du papillon. De chenille, au cocon, il se transforme en papillon. Au moment de créer son cocon, et d’y rester, il se passe plein de choses pour le futur papillon, qui « laisse faire », évidemment, créant simplement les conditions adéquats pour que tout se passe en sécurité. Puis au moment de « sortir du cocon », le papillon doit faire un effort. Il doit lui-même sortir de ce cocon, lutter un peu, le cocon ne disparaît pas de manière magique. Et même, cet effort lui permet, une fois le cocon cassé, de déployer ses ailes et de voler. Si quelqu’un d’extérieur venait ouvrir le cocon, le papillon ne saurait pas voler. C’est parce qu’il fait un effort pour casser son confort, son cocon de transformation, qu’il peut continuer à vivre avec sa nouvelle peau, sa nouvelle identité et que ses ailes sont « fonctionnelles ».
Ce miracle de la nature me parle beaucoup. Puisqu’il représente bien ce doux équilibre qu’il s’agit de trouver entre laisser faire et agir. Il y a un temps pour laisser faire, et un temps pour agir, un temps pour sortir, un temps pour oeuvrer.

L’action invisible dans la Terre de l’Hiver

L’Hiver est traditionnellement un temps de « repos ». Mais un repos qui n’est jamais entièrement passif ; le repos est salutaire, le repos permet de donner un temps à son espace mental pour ensuite savoir où on veut aller, de faire le point, le repos permet de récupérer et de se préparer à la prochaine étape à la fois. D’ailleurs, l’Hiver même n’est pas passif malgré les apparences : les racines des arbres plongent plus profondément dans le sol, activent toute la vie invisible dans la Terre pour en remonter le meilleur jusqu’au bout des branches à la belle saison. Le temps de gestation est très très loin d’être quelque chose de passif, quelque chose de très grand est à l’oeuvre, la vie elle-même. Le renouveau printanier est au bout du tunnel, encore faut-il marcher avec assurance tout au long du tunnel. Pour accoucher d’un nouveau paradigme, il faut Oeuvrer. Agir. Pousser. Respirer durant les vagues de contractions douloureuses, être là, les accepter, les sentir pleinement, les accompagner pour finir par mettre au monde, collectivement, un beau bébé. Pour sortir du cocon et déployer ses ailes, il faut en repousser les contours.

Même en cet Hiver mondial, je crois qu’il faut continuer d’Oeuvrer pour l’avenir, pour le futur, pour quelque chose de plus lumineux, de plus humain, de plus solidaire, de plus respectueux du vivant. Que tous nos projets, nos envies, nos désirs, ont leur place pour faire vivre ce nouveau monde dans la matière. Qu’il faut accepter que ce qui est ne nous convient pas, pour que ce qui sera soit plus à notre image, sculpté à la terre glaise de nos mains. « Profiter » d’une certaine façon, de ces temps incertains pour accueillir l’émergence d’un nouveau niveau de conscience collectif, et mettre les mains dans la terre.

Œuvrer pour le vivant


Je fais partie de ces personnes qui fantasment une vie spirituelle détachée, éthérée, qui se sont plus ou moins engagées dans une voie spirituelle afin de prendre de la distance avec le vrai monde, trop difficile, trop violent, trop lourd pour mon âme sensible. Avec un arrière-goût de cynisme sur le fait qu’on ne peut rien faire, rien changer, la méga-machine monde étant trop pleine de rouages plus ou moins bien huilés et que tout est trop verrouillé. Je me soigne petit à petit et essaye d’être vraiment DANS le monde, d’Oeuvrer pour le Vivant.

Dans cette construction de l’avenir, nous avons tous notre rôle à jouer, dans nos sphères respectives, dans nos cercles respectifs. Notre bout de jardin compte. Nos bouts de jardins sont reliés. Ils sont uniques. Votre jardin ne ressemblera pas au mien, votre façon de jardiner ne ressemblera pas à la mienne, ni à celle du voisin. C’est votre couleur, vos fleurs, vos graines. Votre histoire, votre personnalité unique est votre cadeau pour le monde.

En cet Hiver Monde, je vous invite à ressentir pleinement cet instant et à vous connecter à votre Vision. La nuit de Samhain en ce 31 octobre est toute indiquée pour recevoir cette Vision. Qui est là, dans votre Ventre-Terre, dans votre corps-Terre. Et à mettre en Oeuvre.